JORDANIE - Actualité (1990-1996)

JORDANIE - Actualité (1990-1996)
JORDANIE - Actualité (1990-1996) P align=center

Royaume hachémite de Jordanie

Politique intérieure

Le 9 juin 1991, un congrès réunissant 2 000 personnes de toutes tendances politiques adopte une Charte nationale, élaborée par une commission que le roi Hussein avait nommée en avril 1990. Le texte autorise notamment le multipartisme, interdit depuis 1957 et rétabli de facto en 1989.

Le 18 juin, le souverain désigne Taher Masri au poste de Premier ministre. Il est le premier chef de gouvernement d’origine palestinienne depuis 1970. Le gouvernement ne compte plus de ministre appartenant à la confrérie des Frères musulmans, hostile à la politique d’ouverture du pouvoir.

Le 16 novembre, Taher Masri démissionne, face à l’hostilité de la majorité du Parlement. Il est remplacé par le maréchal Zaid ben Shaker.

En mai 1993, Abdul Salam el-Majali devient Premier ministre; c’est l’une des rares personnalités jordaniennes à entretenir des relations avec Israël.

Le 8 novembre, les premières élections multipartites depuis 1957 sont marquées par la défaite des islamistes (18 sièges sur 80), au profit des candidats indépendants proches du pouvoir.

Le 5 janvier 1995, le roi Hussein nomme Zaid ben Shaker Premier ministre en remplacement d’Abdul Salam el-Majali, qui avait conduit les négociations de paix avec Israël. Il le charge de mettre un terme à la polémique que cette paix a fait naître parmi la population.

Le 4 février 1996, le Premier ministre Zaid ben Chaker est remplacé par Abdul Karim el-Karabati. Celui-ci forme un gouvernement comprenant des ministres issus de l’ensemble de l’échiquier politique, islamistes exceptés.

Le 13 août, le gouvernement procède au doublement du prix du pain, dans le cadre du plan de redressement négocié avec le F.M.I. Le 16, des troubles éclatent dans 4 villes du sud du pays. Des émeutes similaires avaient eu lieu en avril 1989. Le 23, les autorités évoquent une «implication officielle irakienne dans les troubles».

Vie économique

En 1990, le royaume hachémite subit, en raison de la crise du Golfe, les très sévères conséquences de sa situation d’État tampon entre Israël et l’Irak. La classe dirigeante a conscience du risque pris par Saddam Hussein dans son défi à la communauté internationale, mais elle tient compte d’une opinion publique qui veut faire cause commune avec lui (50 p. 100 de la population est composée de Palestiniens). L’Irak couvre 90 p. 100 des besoins du royaume en pétrole. Le soutien initial à Saddam Hussein et les hésitations à se conformer aux sanctions décrétées par les Nations unies contre l’Irak aggravent pour la Jordanie les conséquences de l’embargo contre l’Irak. L’irritation de l’Arabie Saoudite devant l’attitude ambiguë du roi Hussein est particulièrement dommageable.

En 1991, le roi Hussein s’efforce de faire face aux graves difficultés qu’a entraînées pour son pays le soutien apporté à l’Irak pendant la guerre du Golfe. Les États-Unis suspendent leur aide le 22 mars. Le coût de la guerre du Golfe est évalué par les Nations unies à 1 milliard de dollars.

En octobre, l’Arabie Saoudite accepte de reprendre ses échanges économiques. En décembre, le roi Hussein présente un plan de relance.

En 1992, un programme d’ajustement de 7 ans, agréé par le F.M.I., est mis en œuvre. Le pays doit faire face au retour de plus de 250 000 de ses citoyens d’origine palestinienne, évacués d’Irak ou du Koweït. Toutefois, l’apport financier des rapatriés atténue les effets de la rigueur imposée par le F.M.I.

En 1993, la Jordanie doit affronter le défi du processus de paix au Proche-Orient. Étant le pays le plus touché par le conflit israélo-arabe, elle devrait être le plus à même de bénéficier du retour à la paix.

En 1994, la signature du traité de paix avec Israël, qui s’accompagne de l’octroi d’une aide américaine, ouvre des perspectives prometteuses à l’économie jordanienne. Le 1er juin, conformément au programme de redressement élaboré avec le F.M.I., la Jordanie introduit une T.V.A. portant principalement sur les produits de luxe. Le 30 juin, Amman signe avec 14 pays créanciers réunis au sein du Club de Paris un accord de rééchelonnement de sa dette publique pour un montant de 1,2 milliard de dollars, sur un total de 5,5 milliards. La dette extérieure totale du pays, qui atteint 6,5 milliards de dollars, reste le principal handicap de l’économie jordanienne.

En 1995 sont signés tous les accords prévus par le traité de paix avec Israël, qui concernent notamment le commerce, les transports ou le tourisme. L’accord commercial prévoit une union douanière avec l’État hébreu, en 1998. En octobre, Amman accueille la Conférence pour le développement économique du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, qui se tient sous les auspices des États-Unis et de la Russie. Le gouvernement adopte diverses mesures en vue de moderniser l’économie, dont la principale prévoit la libéralisation totale des investissements.

L’année 1996 est marquée par une diminution du taux de croissance due à la chute de la production industrielle, des investissements et des recettes touristiques. Cette stagnation – la croissance est à peine supérieure au taux de progression démographique – ne favorise pas l’application de la politique d’ajustement structurel engagée en 1992 sous l’égide du F.M.I. En raison des hausses du mois d’août, l’inflation double par rapport à l’année précédente. Le taux de chômage demeure à un niveau élevé, de 15 à 20 p. 100.

Relations internationales

En 1992, Amman normalise ses relations avec la communauté internationale, qui s’étaient dégradées en raison de la solidarité manifestée à Bagdad pendant la guerre du Golfe. En mars, le roi Hussein se rend à Washington et, en octobre, il se réconcilie avec le président égyptien Hosni Moubarak, à la suite du tremblement de terre au Caire.

Le 14 septembre 1993, à Washington, la Jordanie signe un accord avec Israël sur l’ordre du jour de leurs négociations bilatérales qui doivent se poursuivre dans le cadre de la conférence de paix au Proche-Orient. Le 19, le pays se rallie à l’accord de paix israélo-palestinien signé le 13 dans la capitale américaine.

Le 7 janvier 1994, la Jordanie conclut avec l’O.L.P. un accord politico-économique destiné à normaliser leurs relations en vue de l’autonomie des territoires occupés.

Le 3 mars, la Jordanie et le Vatican établissent des relations diplomatiques.

Le 25 juillet, le roi Hussein et le Premier ministre israélien Itzhak Rabin, dont c’est la première rencontre publique, signent, à Washington, une déclaration mettant fin à l’état de guerre entre leurs 2 pays qui durait depuis 1948. Des négociations sur les questions de frontière, de sécurité et de partage de l’eau se déroulaient depuis le 18, au nord d’Akaba, sur la frontière israélo-jordanienne. Le 8 août, le poste frontière d’Akaba est ouvert.

Le 26 octobre, les Premiers ministres israélien et jordanien signent un traité de paix entre leurs 2 pays, dans la vallée de l’Arava, entre la mer Morte et la mer Rouge, en présence du président américain. Après Le Caire en 1979, Amman est la deuxième capitale arabe à conclure une paix séparée avec Jérusalem.

Le 1er novembre, afin de mettre un terme à la polémique avec l’O.L.P. sur le «rôle historique» reconnu par Israël à la Jordanie à l’égard des lieux saints musulmans de Jérusalem, Amman déclare que la tutelle en sera transférée aux Palestiniens dès la conclusion d’un accord définitif entre ceux-ci et Israël.

Le 12 février 1996, à l’occasion d’une visite en Arabie Saoudite, le roi Hussein scelle la réconciliation entre Amman et Riyadh, dont les relations avaient été profondément affectées par le soutien de la Jordanie à l’Irak durant la crise du Golfe en 1990-1991.

Le 14 février, le Premier ministre et prince héritier du Koweït, Cheikh Saad al-Abdallah al-Salem al-Sabah annonce également la normalisation des relations de son pays avec la Jordanie.

Le 15 octobre, le roi Hussein est le premier chef d’État arabe à se rendre en visite dans un territoire palestinien, à Jéricho, où il apporte son soutien à Yasser Arafat.

Le 24 octobre, le président Chirac fait étape en Jordanie au cours de sa visite au Proche-Orient. Il appelle de ses vœux un «Orient réconcilié» où, notamment, l’Irak retrouverait sa place.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Поможем написать реферат

Regardez d'autres dictionnaires:

  • ISRAËL - Actualité (1990-1996) — P align=center État d’Israël Politique intérieure Le 12 février 1990, Ariel Sharon, chef de file de l’aile dure du Likoud (droite nationaliste), démissionne du gouvernement. Le 13 mars, à la suite de divergences concernant l’établissement d’un… …   Encyclopédie Universelle

  • IRAK - Actualité (1990-1996) — P align=center République d’Irak Politique intérieure Le 2 mars 1991, un soulèvement chiite débute à Bassorah et s’étend rapidement dans le sud est de l’Irak. L’Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak, mouvement d’opposition en exil… …   Encyclopédie Universelle

  • FRANCE - Actualité (1990-1996) — P align=center République française Politique intérieure Le 11 février 1990, à l’issue des assises du Rassemblement pour la République (R.P.R.), qui ont vu Charles Pasqua et Philippe Séguin proposer la création d’un «nouveau rassemblement»,… …   Encyclopédie Universelle

  • KOWEÏT - Actualité (1990-1996) — P align=center État du Koweït Politique intérieure Le 10 juin 1990 a lieu l’élection du Conseil national transitoire, organe consultatif destiné à remplacer l’Assemblée nationale dissoute en 1986. La répression du mouvement en faveur du… …   Encyclopédie Universelle

  • ÉGYPTE - Actualité (1990-1996) — P align=center République arabe d’Égypte Politique intérieure Le 4 février 1990 près d’Ismaïlia, un attentat perpétré dans un autocar transportant des touristes israéliens cause la mort de 9 personnes. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière… …   Encyclopédie Universelle

  • SYRIE - Actualité (1990-1996) — P align=center République arabe syrienne Politique intérieure Le 2 décembre 1991, un référendum accorde un quatrième mandat au candidat unique, le président Hafez el Assad, membre du parti Baath, à la tête de l’État depuis 1971. Le 1er février… …   Encyclopédie Universelle

  • YÉMEN - Actualité (1990-1996) — P align=center République du Yémen Politique intérieure Le 21 mai 1990, les Parlements des Yémens du Nord et du Sud ratifient le projet de Constitution commune mis au point en 1981, après le conflit qui avait opposé les 2 républiques en 1979. Le… …   Encyclopédie Universelle

  • SUISSE - Actualité (1990-1996) — P align=center Confédération suisse Politique intérieure Le 20 octobre 1991 se déroulent les élections législatives. Les électeurs sont appelés à renouveler les 200 membres du Conseil national et les 46 du Conseil des États qui composent le… …   Encyclopédie Universelle

  • ÉTATS-UNIS - Actualité (1990-1996) — P align=center États Unis d’Amérique Politique intérieure Le 6 novembre 1990, au terme d’une campagne dominée par la crise du Golfe, se déroulent les élections «à mi mandat» pour renouvellement d’un tiers du Sénat, de la totalité de la Chambre… …   Encyclopédie Universelle

  • BBC World Service — Création 19 décembre 1932 Propriétaire BBC Statut Société d État Ancien nom BBC Empire Service Siège social …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”